1. De l'envie ...au groupe définitif

2007 : des échanges informels


Difficile de situer exactement quand un tel projet prend vraiment naissance. Au départ, il ne s'agit que de réflexions échangées sur l'écologie en général, le productivisme, l'individualisme et le souhait d'une vie plus équilibrée. Le sujet de l'habitat est souvent dans les conversations et se pose alors la question d'une alternative. On commence à rêver à quelque chose de différent de ce qu'on rencontre habituellement. Mais de quelle manière, à quel endroit ?


2008 : un embryon de groupe


Au début de l'année , nous sommes 5 adultes à nous rencontrer de temps en temps dans le but d'échanger sur le sujet de l'habitat groupé et écologique et de tenter de se projeter dans le futur. Nous échangeons sur les aspects constructifs, le vivre ensemble.
Un peu plus tard dans l'année, nous nous rapprochons de l'association "écohabitons" de Montpellier. Certains adhèrent. De nouvelles rencontres se font.
Nous créons un premier blog privé pour tenter de faciliter la communication entre nous.
Le groupe évolue cependant : à  la fin de l'année 2008, des personnes se sont déjà retirées, d'autres se sont rapprochées de ce qui n'est toujours pas un projet constitué. Nous sommes plus ou moins trois foyers à cette époque.


2009 : ça se précise


Au début de l'année, certains d'entre nous prennent contact avec le réseau d'auto-constructeurs Rahmabamane. A la même époque, une conférence sur le thème de l'auto-construction est organisée par "Ecohabitons". Les conférenciers sont Maxime Vasseur (Rahmabamane) et Dirk Kober. L'idée qu'il est possible de faire soi-même son habitat, au moins en partie, commence à faire son chemin.
Pendant l'été, les 4 familles que nous sommes alors, décident d'aller prêter main forte au chantier de Pierlot, dans les Pyrénées, pendant une semaine. Il s'agit d'apprécier  nos capacités à attaquer un chantier de ce type ...et de savoir si nous nous supportons au quotidien.


La "Nébraska" de Pierlot et Sandrine (65)




Sur la lisse haute




Nicolas au cordeau




A postériori, l'avantage de cette expérience est d'avoir permis de préciser les choses, de les rapprocher de la réalité. On commence à sortir du rêve. Ce qui entraîne des décisions et des nouveaux départs du groupe en fin d'année.  
Nos réunions deviennent hebdomadaires et plus structurées.


Hiver 2009 - 2010
Même s'il existe des incertitudes et que le groupe n'est pas vraiment constitué, le petit noyau que nous sommes décide d'avancer coûte que coûte. Etienne se libère en partie des contraintes professionnelles pour se consacrer plus largement au projet, notamment pour intervenir sur des chantiers participatifs.








Le hameau des buis (07)








Chantier d'Agnès à Mons-la-Trivalle (34)




Chantier de Pascal à Roquedur (34)




En parallèle, nous investissons le champ du juridique pour tenter de trouver le bon statut qui nous permettra de monter le permis de construire collectivement, trouver une entente quant au financement et nous protègera des aléas dans le futur. Certains professionnels lèvent les bras au ciel en criant aux fous mais deux notaires ont une position radicalement détendue et optimiste : en clair, notre cas n'est finalement pas nouveau, des montages pour ce genre d'opération ont déjà été faits par le passé. La solution semble être la société civile d'attribution (SCA), tombée aux oubliettes mais qui existe toujours. Plus souple que l'indivision, elle aurait  aussi l'avantage de nous soustraire à la TVA et de permettre un basculement en copropriété sans fiscalité.


Dans la même période, nous commençons plus sérieusement à prospecter les petites annonces pour trouver un terrain. Afin également de nous faire une opinion sur les prix auxquels on doit s'attendre : aïe ! Notre objectif est de rester sur Montpellier mais on se laisse une marge de manoeuvre. Le Nord et l'Ouest de la périphérie pourraient faire l'affaire.


Les premier croquis sont dessinés. D'abord à la main, puis sous Sktechup.








Après quelques touches infructueuses, nous nous lançons dans l'élaboration d'un  flyer à destination des professionnels ou des municipalités afin de faire connaitre notre projet.


Printemps 2010 : 4 foyers !
Ca y est, le groupe est constitué de quatre foyers : les Marthum, Etienne, Fanch et Printemps.
De plus, la chance nous sourit : nous avons un retour positif des mairies de Grabels et de Prades-le-Lez (Nord de l'agglomération de Montpellier). Nous sommes reçus et entendus.






Sur Prades est prévu un projet d'écoquartier dans lequel le projet Hérissons pourrait s'intégrer. Rapidement, nous sommes mis en contact avec le responsable de la future ZAC à la Société d’Équipement de la Région Montpelliéraine (SERM) qui nous reçoit. Agréable surprise, là non plus, on ne nous prend pas pour des fous. La paille ? Le principe constructif ne relève pas du PLU. Toilettes sèches ? Vous verrez ça avec les autorités sanitaires, ça ne relève pas de nos compétences.
On sort de la réunion...avec un accord oral sur la position que pourrait occuper le petit bâtiment que nous prévoyons de construire !






Tout ça nous donne un élan nouveau : les réunions sont hebdomadaires, préparées par un ordre du jour ; les informations et décisions prises sont compilées dans un document "projet" ; un plan d'action  permet de répartir les tâches et de les organiser.
Un tableur est élaboré pour faire ligne à ligne l'estimation du coût et de la durée des travaux sur une construction virtuelle correspondant néanmoins à nos besoins.


Les réunions sont aussi l'occasion de discuter du bâti à partir de la 3D.






Eté 2010 : mouvements dans le groupe : plus que 2 familles !
Nous nous mettons en campagne pour tenter de trouver d'autres foyers  intéressés par l'aventure. Nous procédons par le bouche à oreille, les relations...

Nous rencontrons l'architecte responsable de la ZAC. Là encore, pas d'hostilité quant aux principes généraux... bien qu'il nous incite à revoir notre copie en ce qui concerne l'allure du bâtiment.


Et les chantiers continuent de nous former ...


 
Automne 2010
Sur la base des éléments (maigres - nous attendons désespérément le PLU qui nous est promis depuis 2 mois) que nous avons, nous continuons notre travail de fourmis - recherche de partenaires,croquis - et nous rencontrons des architectes afin d'en trouver un susceptible d'élaborer le PC et de nous aider.




Alain rejoint le projet. Son logement est à la vente.


Fin 2010 : des contacts en nombre, le réseau d'habitat groupé fonctionne !

Les personnes contactées il y un certain temps et les informations transmises par l'association "Ecohabitons"  provoque un afflux inattendu de questions et de candidatures pour le projet : une dizaines de familles en tout.


Janvier -février 2011

Avec l'accueil de Cécile et de Marthe fin décembre, nous sommes maintenant au complet. Au delà même de ce qui était prévu à l'origine (4 familles). La SERM a cependant accepté de nous réserver un lot plus grand dont la surface se situera aux alentour de 1000m².

Il va falloir sérieusement s'attaquer au juridique et au financier, ce qui ne va pas être simple car nous avons des situations très différentes. Et les avis de professionnels que nous rencontrons sont assez contradictoires.

Nous avons fait notre choix en ce qui concerne un architecte. Il s'agit de J-C Marchal qui a, entre autres à son actif, la première maison en paille de Montpellier (avenue de Toulouse), une autre maison en paille sur le Causse de la Selle et une autre à Montferrier. Il est également le concepteur du temple Laotien à Bagatelle.

L'accompagnateur du chantier sera Dirk Kober, avec qui nous avons plusieurs fois travaillé sur des chantiers participatifs.

En attendant que les choses démarrent, nous continuons d'ailleurs à donner des coups de mains. 
Ici à Prémian pour l'écogîte de Pierrot et Maïlis 
 
 ..à Mons-la Trivalle chez Agnès

Mur de terre banchée sous canisses

Mars - avril  2011  
Début mars, Etienne profite d'une visite dans sa famille pour rencontrer des membres de l'habitat groupé ANAGRAM à Villeneuve d'Ascq dans la Nord. C'est un groupement de dix foyers en maisons mitoyennes et duplex à proximité d'un parc naturel ...en pleine ville.  Une maison commune se trouve au centre de l'ensemble.

L'entrée par un ancien corps de ferme
Les toits à forte pente et la brique rouge typique de la région

Si, si, on est en pleine agglomération, à 20mn du centre de Lille

Le but de la visite est de solliciter  ces "anciens" de l'habitat groupé  afin de profiter de cette belle expérience et s'en inspirer le cas échéant. On discute du quotidien, de l'occupation de la salle commune, de l'entretien des extérieurs qui se fait ici en commun une fois par mois.

La structure juridique est une SCCC sur laquelle s'est greffée une association pour la gestion des charges.

Voici un lien pour ceux qui voudraient en savoir plus
http://www.ecohabitatgroupe.fr/






De retour à Montpellier, nous avons une nouvelle proposition de lot de la part de la SERM. Plus en hauteur, face aux collines et à l'écart de la route qui traverse principalement la ZAC...on rêve. Ben non.



Bon, on va voir ça ?

Impossible de pénétrer sur le terrain car il est encore clôturé. Mais ça permet de se faire une idée quand même.
Le terrain descend vers le S-E

Non, pas tout ça, juste un petit morceau dans le fond
...mais le verger doit rester...

Mi avril 2011 premier engagement : ouverture d'un compte commun
Nous ouvrons un compte commun à 5 afin de couvrir les faux frais que nous ne manquerons pas d'avoir à couvrir bientôt : frais de transport, acomptes, factures... Chacun de nous à la signature ...mais il faut que les cinq noms figurent sur un chèque à l'encaissement...et gare à l'orthographe des noms.

Déconvenue : Alain décide de laisser tomber le projet. Il va falloir trouver quelqu'un pour le remplacer.


Et pour exorciser ce revers, rien de tel que d'aller donner un coup de main sur un chantier paille. On remonte donc sur le chantier de Prémian.
Ouh la, mais ça a avancé depuis la dernière fois qu'on est venu !



Mais il y a encore beaucoup de vent qui rentre dans la maison, il est temps de fermer les murs avec les bottes de paille.

Au forceps ...ou au coup de pied dans l'...



Pendant que là-haut, les filles et Nicolas finissent le mur Est, 

...Etienne et Pierrot tentent de mettre au point un hachoir à paille...


Zut, le moteur a cramé !

..et ...


C'est quoi  ? ben ça doit devenir un malaxeur d'enduit terre. Encore quelques modifs et ça devrait fonctionner pour de bon.


Les choses commencent  à se préciser . Nous avons maintenant reçu le cahier des prescriptions architecturales et paysagères de la ZAC. Ouf, ça à l'air de correspondre à ce qu'on veut faire.

Et puis fin avril un métré détaillé du lot qui nous est destiné.
L'extrémité du terrain est encore négociable...pour 50 à 60m² de plus ce qui nous ferait 900m² environ.

Et puis nous rencontrons une notaire qui nous oriente assez clairement sur la SCIA. Ce statut nous lierait pour la durée des travaux mais moins au-delà. Cependant, nous souhaitons maintenir l'esprit du projet même si l'un d'entre nous souhaite le quitter, et donc vendre, à plus ou moins long terme. La chose paraît possible moyennant une clause qui pourrait figurer dans les statuts de la SCIA.

Tout va bien donc ?
Oui, on ne va pas se plaindre, les choses vont plutôt dans le bon sens.On espère quand même trouver le cinquième élément sans tarder, le foyer avec lequel nous aurons suffisamment de points de convergence pour faire route ensemble. 



Mai 2011 :  5 foyers ... mais pas les mêmes !
Christian nous rejoint suite au départ d’Alain. Là aussi, les mails ont circulé, on se connaissait de loin…. Il faut encore réexpliquer... Les réunions sont donc plutôt l'objet d'échanges sur les principes du projet, et l'on visite les terrains de la SERM, on se projette, on redessine...On rencontre les banques : de grands espoirs, des accueils frileux voire suspicieux. Ces conseillers nous exposent toutes les objections possibles, nous permettant ainsi de mieux appréhender notre forme juridique, de mieux constituer les dossiers. A chaque nouvelle visite on est plus "pro". Nous accordons un soin important à la présentation, ça fait sérieux.


Juillet 2011 : nouveau terrain, nouvelles esquisses !
Un nouveau terrain qui nous plait bien est proposé par la SERM, en haut de la ZAC. C'est la troisième proposition. Des premières esquisses sortent sous le crayon de l’architecte, motivé par le projet et qui a construit les premières maisons paille de Montpellier. Parallèlement le groupe continue de travailler avec le logiciel Sketchup à placer des volumes, à se projeter sur le terrain.

Août 2011 : une semaine ensemble sur un chantier participatif 
Nous allons, sauf Christian, donner un coupe de main à Jean-François, qui se construit un palace sur un terrain en pente, dans le Cantal.  Nous sommes hébergés et nourris pas ses parents. Les soirées nous discutons les plans de l'architecte. Pour Marthe et Cécile, participer aux chantiers sur le gros œuvre permet de prendre la mesure de ce qui est faisable par soi-même, et le champ des possibles s'élargit.

Septembre 2011 :  5 foyers... mais pas les mêmes ! acte II
Cette fois-ci c'est le versant fille qui bouge. Cécile nous quitte, remplacée rapidement par Valérie, qui a fait partie du projet deux ans avant, et qui souhaite revenir. Elle embarque dans le train en marche, tentant de s’approprier le logement de Cécile. On continue d’avancer sur les plans de l’architecte, que l’on tourne et retourne. Un certain malaise s’installe avec lui, il devient de plus en plus difficile de faire cohabiter nos choix et ses désirs d’architecte, malgré un rapport sympathique.

Novembre 2011 : avant projet en route
L’avant projet se précise, rencontres architecte et SERM … qui nous explique que sur le terrain prévu, contrairement à ce qui a été proposé, nous ne pourrons pas construire au-delà d’une certaine zone. Grosse déception. Pas question de se ratatiner dans un coin du terrain ! On reprend nos crayons. Dans la foulée Valérie nous lâche !

Janvier 2012 mouvement de groupe, mouvement de terrain, surplace assurément !
Tout se fragilise :
- On prend acte que le projet ne pourra pas se faire sur le terrain envisagé. Les esquisses et les plans partent à la poubelle.
- On constate que le groupe perd toujours son 5ème élément (Lilou Dallas, help !). Coup dur car ce qui devait se partager à 5 devra se partager à 4 foyers maintenant ! On rencontre cependant un couple à qui on réexplique tout, sans conviction.
- On n’aime pas l’emplacement du nouveau terrain qui nous est proposé.

Alors, motivés, on se promène sur la zone pour trouver un terrain qui nous irait, à 4. Et on reprend les crayons, le Sketchup, on place on bouge on triture, pour être sûrs cette fois que l’on pourra faire quelque chose qui nous va, avant de soumettre la situation à l’architecte.

Et puis on va donner un coup de main pour les enduits sur le chantier de Prémian, la machine à broyer la paille conçue par Etienne marchera bientôt.

Février 2012 : accompagner un habitat groupé, pas facile pour un architecte !
3ème coup dur ! Après une réunion de pré avant-projet, qui semble convenir à l'architecte de la zone, notre architecte nous signale son abandon : trop de différences de point de vue. Soulagés et déroutés, nous continuons à caler nos logements avec Sketchup : le soleil pour l’un, la mezzanine pour l’autre, l’atelier près du salon pour la troisième, pas d’escalier pour le quatrième, et la buanderie ? svp pas trop loin la buanderie ! On s'en sort pas trop mal, soirées après soirées, le groupe fonctionne bien. On prend aussi en main les statuts de la SCIA, lassés de ne pas voir arriver de modèle de l'étude.

Chaque réunion du dimanche soir dure 4 heures. Apéro bière cidre petits gâteaux projection des travaux de la semaine, "suivi action" qui permet de caler ce qu'il y a à faire.


Nous sommes donc 4 foyers : Christian, Etienne, Marthe, Sylvie et Nicolas, embarqués pour la grande aventure.